[Test] Warbler Prelude

La société Warbler présente ses Prelude comme un modèle conçu initialement « pour nous, pour trouver la meilleure expérience possible, et fabriqué pour satisfaire nos âmes avec la musique« . Dans cet article, nous vous proposons notre avis sur ces intra-auriculaires moulés aux choix technologiques tranchés, à contre courant des tendances actuelles au toujours plus de drivers.

Introduction

Avant de vous parler en détail des Warbler Prelude, il me semble nécessaire de vous présenter cette marque peu connue.

Basée en Turquie, la société a été créée autour d’un concept intitulé PRELUDE avec trois personnes pour acteurs. La première d’entre elles est un ingénieur nommé Tahsin. Etudiant en génie mécanique à l’Université Technique du Moyen-Orient (METU), il a suivi également des cours d’acoustique. Les autres personnes œuvrant avec Tahsin sont Baran, en charge du marketing et de la gestion des approvisionnements, et Hasan, ingénieur électricien responsable des relations clients.

C’est d’ailleurs avec ce dernier que j’ai eu de nombreux contacts (qui, soit dit entre parenthèses, ont été excellents)

La création des Prelude a exigé cinq années de développement et de nombreux essais. Tashin est parti sur un design comportant trois drivers à armature équilibrée, pour retenir au final une conception mono driver mais avec l’ambition d’atteindre le même niveau de résolution que des intras à drivers multiples.

Warbler ne donne aucun détail sur la technologie utilisée pour créer leur Prelude.

En observant l’intérieur (si vous avez opté pour une couleur translucide), vous remarquerez donc un seul driver avec un long tube qui atteint l’extrémité du canal dotée d’un petit filtre terminal.

La conception paraît donc très minimaliste.

 

Personnalisation

Le site internet est tout aussi minimaliste que la conception des intras. Si pour la customisation vous aurez le choix entre de nombreux coloris, il n’existe aucun moteur de création en ligne. Vous pourrez cependant vous rendre compte de la qualité de finition en consultant les quelques photos de leurs précédentes réalisations.

N’hésitez pas non plus à contacter l’équipe de Warbler si vous avez une idée en tête : ils sont très réactifs.

Au niveau des faces avant proposées, vous aurez le choix d’une finition carbone ou bois à laquelle vous pourrez ajouter des paillettes argent ou or pour un très bel effet.

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En résumé, la personnalisation est assez complète, la palette de choix large et l’équipe à votre écoute. Evidemment on ne trouve pas encore chez Warbler des rendus à la Noble audio ou à la Custom Art (pas de mélange des couleurs, notamment).

L’équipe est encore jeune et la création des coques n’est pas si facile que cela, paraît-il.

Point positif : peu importe ce que vous demanderez, le prix restera le même, à savoir 1099 dollars. N’hésitez donc pas à vous faire plaisir !

Certains se posent peut être la question et bien ils ne sont disponibles que sur mesure. Ils n’existent pas de version universelle. Ils acceptent par contre le reshell moyennant la somme de 300 dollars (si jamais vous voyez une paire d’occasion).

Si vous voulez plonger dans l’univers PRELUDE ils vous faudra donc vous déplacer chez un audio prothésiste pour y effectuer des empreintes. Rien de bien compliqué sur Tellement Nomade nous pouvons vous conseiller quelques adresses. Cela vous coûtera entre 10 et 20 euros pour avoir l’empreinte de vos oreilles et ensuite il faudra adresser les empreintes au laboratoire se trouvant en Turquie, et le tour est joué.

 

Confort

Lorsque j’ai reçu mes Prelude, j’ai trouvé leur fit plus lâche que celui de mes EM10. Ces intras isolent un tout petit moins que les Earsonics mais leur port est moins compressif également, sans doute parce qu’en plus d’être moins long, leur tube est aussi un peu moins large. Au final, les Prelude sont extrêmement confortables à porter et leur isolation correcte. L’équipe a donc fait un bon travail.

Le délai de 4 à 6 semaines qu’elle demande pour la réalisation de ces intras est dans la moyenne de bon nombre de laboratoires.

 

Emballage

Là encore on est dans la simplicité mais aussi dans la commodité puisque vous recevrez vos Prelude dans un boîtier Pelican 1010 (tout comme chez Custom art) avec un adaptateur 3,5 vers 6,35 et un petit kit de nettoyage. Pour le câble, vous avez le choix entre un Linum et un câble classique, sans aucun supplément. Personnellement j’ai opté pour le Linum, plus pratique à l’usage en nomade, bien que finalement je ne l’utilise pas pour des raisons que j’expliquerai plus loin.

Place maintenant au test lui-même ou plutôt à mon humble perception de l’écoute de ces Prelude.

 

Le son

Si vous avez déjà lu les quelques retours sur ces écouteurs, vous avez sans doute pris connaissance des objectifs que souhaitait atteindre l’équipe Warbler en réalisant les Prelude.

Leur but est d’obtenir une résolution maximale avec le plus de naturel possible et une excellente réponse transitoire, le tout sur un mono driver : rien que ça !

Eh bien, dès les premières écoutes, j’avoue que j’ai été impressionné, mais j’ai décidé de m’accorder un peu de recul pour ne pas céder à l’enthousiasme de la nouveauté. Cela fait plus de six mois que je les possède et durant cette période, j’ai pu les essayer sur maints lecteurs audio portables et avec plusieurs câbles différents.

Préambule

S’il fallait présenter rapidement la sonorité des Prelude, je dirais qu’ils offrent un rendu  assez clair et très propre. Leur résolution est excellente. Ils allient précision, rapidité et détourage.

Leur soundstage se situe dans la moyenne mais j’ai trouvé la séparation latérale remarquable et leur restitution de la profondeur impressionnante.

La signature des Prelude est plus difficile à caractériser. De façon globale, je dirais qu’ils « penchent » vers la neutralité, mais s’en écartent sur certains points . Certains trouveront en effet les basses timides. Ils n’offrent pas le son plus consistant et « épais » que proposent d’autres écouteurs.( par exemple les EM10). Et a contrario les médiums rajoutent un peu de chaleur à l’ensemble. Au final il est difficile de les limiter à une catégorie. C’est un mélange de deux mondes : neutre pour le côté très résolvant, et légèrement chaleureux pour le côté charmeur du timbre.

Leur force réside clairement dans la résolution, vraiment excellente, peut être la meilleure que j’ai écoutée à ce jour, au même niveau que des Zeus R par exemple. Et cela avec un seul et unique driver.

Voyons cela plus en détail.

Les basses

Les Prelude proposent des basses rapides, un peu sèches mais avec une belle extension qui ajoute un peu de corps et de texture aux bas-médiums.

L’impact des batteries est bien présent mais limité dans son effet. En gros le punch sera bien là mais sans le grondement qu’on peut trouver sur d’autres intras. Le rendu de ce registre n’est pas viscéral ni vraiment palpable. On est loin des EM10 en ce domaine et encore plus loin du rendu d’un driver dynamique.

Si la retranscription des basses est propre, précise et percutante, elle montre vite ses limites, à savoir celui de leurs sustains, plutôt écourtés.

Point positif : la légère bosse ressentie dans les mid-basses permet d’obtenir un rendu remarquable des guitares acoustiques, avec un bel effet de profondeur. Ce sont d’ailleurs les intras qui m’ont offert jusqu’à présent la meilleure restitution de cet instrument.

Donc si vous aimez des écouteurs offrant des basses imposantes, je crains que vous ne trouviez la sonorité des Prelude trop sèche… mais ne partez pas tout de suite car ces intras ont beaucoup d’autres choses à proposer.

Les médiums

Il s’agit clairement du point fort, pour ne pas dire de la pierre angulaire des Prelude.

Ces intras excellent vraiment dans la restitution de ce registre. Leurs médiums sont à la fois riches, musicaux et dynamiques, le tout avec suffisamment d’air et d’espace pour permettre une excellente articulation.

Si j’osais, je dirais que je trouve leurs médiums meilleurs que ceux ces Zeus XIV car moins colorés et donc plus naturels. Le rendu de ce registre par les Prelude est d’ailleurs plutôt malaisé à définir car leur tonalité globale est légèrement chaleureuse mais présentée avec une telle finesse que cette chaleur n’a absolument rien d’étouffant, bien au contraire, et qu’elle ne nuit en rien à leur articulation. Profitant de grain, de cette résolution exceptionnelle, les voix sont légèrement mises en avant dans la présentation globale de ce registre.

Les médiums des Prelude arrivent ainsi à transmettre toute l’émotion véhiculée par le timbre humain.

Alors, oui, ils ne sont pas totalement neutres mais tellement envoûtants qu’on oublie le reste et qu’on plonge sans hésitation dans la musique : une vraie réussite.

Les aigus

S’ils ne sont jamais durs ou irritants, les aigus des Prelude possèdent suffisamment d’extension pour contribuer au caractère très résolvant de ces écouteurs. Ils sont très bien articulés et bien définis.

Et encore une fois avec un timbre incroyablement naturel.

Sur un James Vincent Mcmorrow et sa voix montante, on obtient un résultat remarquable. Pour avoir vu cet artister sur scène, je peux dire que le rendu de son organe par les Warbler est proche de la perfection :  ni trop fin ni trop fluide, avec juste ce qu’il faut de matière et d’articulation. C’est vraiment impressionnant, encore une fois, de la part d’un mono driver

Le soundstage

Les Prelude ont une scène qui met les voix en avant (sur le devant de la scène) et propose un rendu «hors tête». Sa profondeur est dans la moyenne haute, tout comme sa largeur. Rien d’extraordinaire, donc, mais encore une fois c’est assez réaliste. Par contre la séparation gauche-droite est absolument remarquable.

 

Les comparaisons

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FIBAE 2

Les Fibae 2 de Custom Art sont, comme leur nom semble l’indiquer, des écouteurs composés de deux drivers à armature équilibrée. J’ai possédé ces intras en même temps que les Prelude.

Au niveau de la résolution comme de la définition, les Prelude vont nettement plus loin. C’est très facilement perceptible : en comparaison directe, les Fibae 2 donnent l’impression d’offrir un son congestionné.

Autre différence notable : les Prelude projettent les voix en avant alors que les Fibae les présentent de manière plus intégrée. Cette caractéristique apporte une meilleure aération au rendu des Prelude et renforce l’impression de leur supériorité technique sur les Fibae 2.

Les Fibae 2 offrent plus de présence au niveau des basses et insufflent vraiment un très bon groove.

Earsonics EM10

Composés de dix drivers à armature équilibrée, les EM10 distillent d’entrée beaucoup plus de basses que les Prelude. Leur articulation dans ce domaine est d’ailleurs remarquable. Le slam, le groove qu’ils offrent dans ce registre est exceptionnel. Les Prelude sont battus à plat de couture.

Le rendu des batteries (impact et réalisme) est excellent sur les EM10 tout comme celui des lignes de basses. Par comparaison, les Prelude offrent un rendu très sec, manquant de texture.

Au niveau des médiums, les Prelude s’en sortent bien mieux. Ils sont plus aérés que les Earsonics et offrent une excellente résolution avec un timbre plus charmeur.

Les médiums des EM10 sont plus pleins, plus chaleureux mais avec une belle résolution également.

Je dirais que les Prelude l’emportent ici par l’aération et la définition des médiums.

Pour ce qui est des détails, les EM10 en proposent beaucoup mais les Prelude les mettent peut-être plus en avant.

Pour résumer, je dirais que les EM10 sont meilleurs dans la restitution globale de la musique grâce leur plus grande musicalité mais les Prelude ont pour eux une meilleure résolution et une meilleure aération des médiums qui en font des intras finalement assez complémentaires des Earsonics.

Les Prelude sont excellents sur de la musique acoustique ou intimiste et les EM10 sur des morceaux plus chargés en instruments et en basses.

Empire Ears Zeus XIV

Un match improbable… Comment des écouteurs mono-driver pourraient-ils rivaliser avec des intras comportant treize drivers de plus ? Les Zeus XIV sont souvent dépeints comme les rois des médiums, tant au niveau de leur résolution que de leur rendu.

Eh bien, je dois dire que les Prelude sont loin d’être un sparring partner en ce domaine. Déjà, ils sont beaucoup moins sensibles que les Zeus XIV qui, il faut le dire, sont une vraie plaie de ce côté-là : pas facile de trouver des lecteurs sans souffle avec eux. Les Prelude sont beaucoup plus souples côté appairage et vous pourrez les apprécier sur un smartphone alors qu’avec les Zeus, c’est beaucoup plus délicat.

Pour le rendu des basses, j’ai tendance à préférer les Prelude car j’ai toujours trouvé les basses des Zeus un peu trop molles, pas suffisamment énergiques.

Au niveau des médiums, les Prelude démontrent encore une fois leur excellence en ce domaine. Leur rendu de ce registre est plus naturel, moins coloré que celui des Zeus XIV, plus aéré également. Les Zeus XIV offrent peut-être une meilleure résolution… et encore je n’en suis pas certain ! Les Prelude projettent les voix plus sur le devant de la scène, ce qui souligne encore une fois leur excellente aération.

Les Zeus XIV présentent des médiums plus colorés, trop peut-être, surtout si vous les couplez avec un lecteur chaleureux.

Vous l’aurez compris, j’ai préféré les Prelude au Zeus XIV car ils arrivent à allier une excellente résolution à une grande facilité d’utilisation. (Peu importe le lecteur utilisé). Les Zeus XIV sont plus capricieux et c’est bien dommage car ils regorgent part ailleurs de qualités.

 

Quelques idées de combinaisons

Côté câble

Commençons par trouver aux Prelude le câble idéal.

J’avoue ne pas avoir apprécié le câble très fin livrés avec eux car je trouve qu’il assèche un peu trop leur rendu, notamment au niveau des basses. Il faut dire que je vivais jusqu’alors avec des EM10…

Beaucoup de retour conseillaient le câble Ares II d’Effect Audio, avec des conducteurs en cuivre.

Alors certes, l’Ares II offre un peu plus de présence au niveau des basses mais je l’ai trouvé trop rond trop et trop doux sur le reste du spectre.

Du coup je suis parti sur un PW Audio NO.5 (excellent câble par son rapport qualité/prix). Avec le NO.5, les Prelude offrent un bas du spectre un peu plus imposant mais avec des médiums exempts de coloration supplémentaire. J’ai donc opté pour ce couple qui permet d’apporter un peu plus de texture aux basses.

Warbler Prelude avec cable PW Audio

Après, si vous souhaitez monter en gamme, j’ai adoré les quelques jours passés avec le Leonidas de chez Effect Audio. La résolution des Prelude est mise en avant avec ce câble qui apporte un peu plus d’aération, avec des basses assez présentes. Un très beau couple.

Côté lecteur

Plenue 2 :

Ce lecteur dispose d’un son assez dense et imposant, peut-être un peu trop pour les Prelude. On obtient un médium plus opaque, avec des basses plus présentes. Cela fonctionne très bien sur de l’acoustique mais beaucoup moins sur des musiques chargées. Le rendu peut paraître trop étouffant et on perd quelques peu l’aération qu’offrent les Prelude. A éviter donc, même si on peut très facilement jouer avec l’égaliseur du Plenue 2 pour obtenir un rendu plus équilibré.

Onkyo DP-S1 :

Une des principales qualités de ce lecteur est son très grand niveau de détail. Et ce n’est pas les Prelude qui vous diront le contraire. L’ensemble propose un niveau de résolution dans le haut du panier, avec un rendu qui paraîtra peut-être un peu trop sec à certains. En tout cas, c’est mon petit ensemble qui me permet de profiter de mes Prelude de manière quotidienne et d’apprécier encore plus la précision du rendu de ces écouteurs.

Une combinaison par ailleurs très nomade, compte tendu de la taille de cet Onkyo.

Hugo 2 :

Durant le mois de janvier, j’ai eu la chance de pouvoir tester pendant quelques jours le Chord Hugo2. J’en ai profité pour y brancher les Prelude. Et je dois dire que j’ai été impressionné, bouleversé même par la qualité du son.

Je ne pensais pas que les Prelude pouvaient atteindre un tel niveau, tant à la fois sur le plan de la résolution que de la musicalité (même si cet élément reste très subjectif).

J’ai compris ce jour-là que ces intras étaient vraiment exceptionnels pour des mono-driver. Ils offrent véritablement une résolution de premier plan, une séparation exceptionnelle, le tout avec un decay remarquable pour des mono-driver.

 

Conclusion

Après de nombreux mois passés avec les Prelude, je dois bien avouer que je ne m’en lasse pas. Bien au contraire je continue d’être impressionné par leur qualité. La résolution, l’aération offertes pas ces mono-driver sont exceptionnelles, et cela même sur les sources les moins puissantes. Excellents sur des lecteurs haut de gamme, les Prelude fonctionnent déjà très bien sur un smartphone.

Vous aurez d’ailleurs noté que je les préfère aux Zeus XIV, non seulement pour des raisons pratiques (moindre sensibilité au souffle et compatibilité plus grande) mais aussi pour leur qualité technique qui concurrence pleinement les écouteurs de chez Empire Ears.

Je m’excuse donc de ce test un peu tardif mais je tenais à prendre mon temps pour effectuer un retour aussi objectif que possible.

Ces écouteurs méritent clairement d’être sur le devant de la scène et je trouve qu’on n’en parle pas assez dans le monde audiophile.

Pour conclure, je peux vous dire que Warbler, en réalisant les Prelude, a pleinement rempli ses objectifs qui, je le rappelle, étaient d’offrir une résolution maximale avec le plus de naturel possible et une excellente réponse transitoire. Le tout avec un seul driver.

Un grand bravo à cette marque.

7 thoughts on “[Test] Warbler Prelude”

  1. Chouette test, riche en comparaisons et enrichissant. J’ai particulièrement apprécié la partie sur le matching avec les DAPs.
    En revanche, le chapitre des comparaisons est illustré avec un cliché qui montre des U18t (il me semble) mais on n’en entend pas parler par la suite… Je dis ça, j’dis rien 😉

    Merci pour l’article !

  2. mrlocoluciano

    Très sympa le test, merci Fab. Tu as pu tester les Zeus XIV en comparaison directe ?

  3. Pour les U18 lorsque je les avais je me suis axé à les comparer avec les em10.
    Je n’ai pas fait de comparaison directe avec les Prelude.
    Faudrait que je réessaie à l’occasion.

    Pour les Zeux je me suis basé sur mon souvenir des longues heures d’écoutes et lors de ma comparaison sur quelques morceaux au dernier meeting je dois dire que le souvenir était bon.

    Et merci pour les commentaires

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