[Test] Hifiman HM-901S

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir le HM-901S, baladeur très haut de gamme produit par Hifiman. Un des tous meilleurs DAP de sa catégorie, comparé pour l’occasion à quelques-uns de ses concurrents. Décorticage d’un ténor sous la plume de Sausalito.


Préambule

Merci à notre partenaire Audiophonics pour le prêt de ce DAP. Merci également à Faaboraan et Freeman73 pour le prêt du Lotoo Paw Gold et du Colorfly C4 .
Si le HM-901S constitue le cœur de ce retour, des comparaisons ont été effectuées avec son prédécesseur, le HM-901, ainsi qu’avec certains de ses concurrents : un nouveau venu qui fait sensation, le Lotoo Paw Gold, et un ancien poids lourd devenu mythique, le Colorfly C4. Ces comparaisons ont par ailleurs été réalisées avec des intras très différents, ce qui me semble être la seule manière de pouvoir cerner les caractéristiques sonores d’un lecteur en particulier.

 

À titre introductif, disons un mot du contexte et du matériel de test. J’ai pu écouter le 901S environ 120 heures avec les cartes balanced et minibox gold, le Lotoo Paw Gold environ 60 heures, le C4 environ 40 heures (mais j’ai possédé celui-ci il y a un an et demi) et le 901 plus de 1000 heures. L’écoute a été faite avec les Noble audio K10 en version moulée et, pour une part plus modeste, avec les intra-auriculaires Noble Audio 4, Oriolus Oriolus, Fitear 335SR, Shure SE 846 ainsi qu’avec les casques Shure SRH840 et Victor HP-DX1000.

Du déballage aux caractéristiques

Le Hifiman HM-901S existe en deux présentations : un coffret en « bois » de belle apparence mais ne respirant pas la solidité – le bois en question n’étant que du vulgaire aggloméré –, ou un coffret façon simili cuir à l’aspect très agréable.

901S - Sur la boite

Les deux boites ont en revanche le même contenu :

  • le lecteur ;
  • le chargeur propriétaire pour le baladeur ;
  • un chargeur supplémentaire de batteries, qui n’existait pas avec le 901 ;
  • les câbles USB et S/PDIF-RCA.

Tout cela n’est certes pas donné puisqu’il vous faudra débourser la coquette somme de 1499 €. Mais contrairement au 901, le 901S est livré avec une carte non standard et un chargeur de batteries. On peut estimer que la différence avec le 901, vendu environ 1000 euros il y a deux ans et demi, reste « acceptable ».

HM901S package

Voici les principales caractéristiques de ces lecteurs :

HM901S

  • Double DAC ESS Sabre 9018 32 bits / 384 kHz ;
  • (2×8 canaux, rapport S/B 135 dB) ;
  • Lecteur SDXC compatible 256 Go ;
  • Fichiers lus : WAV, FLAC et ALAC (M4A) jusqu’à 24 bits, DSD,AIFF, AAC, APE et MP3 jusqu’à 16 bits ;
  • Réponse en fréquence : 5 Hz à 30 kHz (-0,1 dB) ;
  • Puissance de sortie max : dépend de la carte : Max 477mv en symétrique et high gain ;
  • Rapport S/B : 102 dB (sortie casque) ;
  • Autonomie : 7 à 10 heures ;
  • Dimensions (lxhxp) : 72 x 29 x 117 mm ;
  • 250 g.

HM901

  • Double DAC ESS Sabre 9018 32 bits / 384 kHz ;
  • (2×8 canaux, rapport S/B 135 dB) ;
  • Lecteur SDXC compatible 256 Go ;
  • Fichiers lus : WAV, FLAC et ALAC (M4A) jusqu’à 24 bits, AIFF, AAC, APE et MP3 jusqu’à 16 bits ;
  • Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz (-0,1 dB) ;
  • Puissance de sortie max : dépend de la carte : Max 477mv en symétrique et high gain ;
  • Rapport S/B : 112 dB (sortie casque) ;
  • Autonomie : 7 à 10 heures ;
  • Dimensions (lxhxp) : 72 x 29 x 117 mm ;
  • 250 g.

Polémique et look

Le look des 901 et 901S est sujet à controverse. Le 901 avait un aspect que l’on pouvait trouver « vieillot ». Le 901S tente de se rapprocher de l’esthétique de ses concurrents (notamment en optant pour un boitier en métal)… sans y parvenir toutefois. C’est la conséquence du choix d’un appareil dont la batterie est amovible et les cartes d’amplifications interchangeables : cela implique un DAP plus imposant, entre le nomade et le transportable. À chacun de juger quels critères sont les plus importants selon son utilisation : la taille, le son ou la connectivité.

Prise en main

La prise en main est acceptable, mais moins « sécurisante » que celle son prédécesseur. En effet les angles dorsaux sont arrondis et le DAP a tendance à glisser de la paume de temps à autre.

La luminosité de l’écran est toujours aussi mauvaise, au point que rechercher un dossier en plein jour ou sous un fort éclairage relève de l’exploit.

Pour le reste de grosses améliorations ont été réalisées par rapport au 901 :

  1. Les trois commandes physiques disparaissent : le bouton high gain/low gain et le bouton HD/Vintage ont été repositionnés dans les paramètres, tandis que le bouton symétrique/non symétrique est remplacé par deux entrées dédiées.
  2. On se retrouve donc avec des commandes en façade qui sont faciles à utiliser en aveugle. La molette centrale, qui sert à naviguer dans les paramètres et les dossiers, est – enfin ! – aisément manœuvrable.
  3. Grande amélioration, le réglage du volume est beaucoup plus fin et progressif que sur le 901.
  4. Le couvercle de la batterie est maintenant plus solide et se maintient avec deux petites vis. La batterie elle-même s’enlève plus facilement ; quant au changement de carte d’amplification, il est toujours aussi simple et rapide.
  5. Autre élément nouveau d’importance : le bouton marche/arrêt devient un bouton marche/veille. L’extinction s’effectue désormais dans les paramètres. Ainsi, bien que l’allumage soit toujours assez long, la fonction de veille permet d’avoir un appareil prêt en 3 secondes au moment de la remise en service.
  6. En ce qui concerne les caractéristiques, quelques informations sont également à préciser :
    • le 901S lit bien les DSD, c’est le firmware non mis à jour qui avait induit certains utilisateurs en erreur à ce propos ;
    • la lecture sur le 901S est gapless ;
    • le parcours aléatoire est intégral quand on a pris soin de choisir « toutes les chansons » dans les paramètres.

L’interface se compose des articles suivants :

    • En lecture : Favoris, Carte SD, Artiste, Album, Genre et Toutes les chansons en ce qui concerne l’accès aux morceaux ainsi que Entrée S/PDIF, Ejecter la carte SD et Paramètres ;
    • Le menu « Paramètres » se compose de : Version système, Répéter, Aléatoire, Rétro-éclairage, Reprise de lecture, Mode veille, Extinction automatique, Luminosité, Support liste de lecture (Cue), Langue, Gain (High et Low), Filtre numérique (équivalent aux anciens boutons physiques HD/Vintage du 901), Mise à jour base de données, Reset settings et Éteindre.

HM901S Ecran

Comme chacun sait, le 901S permet d’utiliser plusieurs cartes d’amplification, parmi une dizaine disponibles environ. Ces cartes donnent la possibilité d’adapter la puissance du DAP au casque branché (des intras aux casques nomades, voire sédentaires), mais aussi de faire varier la signature sonore, qui peut passer d’une grande transparence (Musical amplifier card) à une résolution et neutralité poussées (Balanced card) ou encore à une tonalité chaleureuse (Minibox gold). C’est là, me semble-t-il, un des atouts remarquables de ce lecteur.

Il faut en revanche savoir que les nouvelles cartes sorties pour le 901S (miniboxgold, musical amplifier, à vérifier pour les elfidelity), sont utilisables avec le 901, mais sans la possibilité de choisir le gain, la puissance de sortie étant fixe dans ce cas.

Le 901S est livré avec un chargeur de batterie qui sera d’autant plus utile si l’on fait l’acquisition d’une seconde batterie. Cela permet d’avoir toujours 9h d’autonomie d’avance. On retrouve ici un choix d’Hifiman, qui met en avant du matériel conçu pour faire face à l’injure du temps.

Le son, évidemment

Équipé de la carte Balanced, la scène sonore du 901S est quasiment la même que celle du 901 : très large et haute. Elle est à la fois intimiste et réaliste ; en débutant, sur un plan vertical, au niveau des oreilles, on peut imaginer être au premier rang d’une salle de spectacle. En revanche, la profondeur n’est pas aussi importante, et seuls des intras aussi transparents que les Oriolus compensent cette perception. Le placement est excellent mais, là aussi, les limites se font sentir si l’on a affaire à un ensemble important comme on peut en écouter dans certains concertos de Vivaldi ou la Passion selon Matthieu de Bach. Dans ce cas, ce qui devrait être ressenti dans la profondeur a tendance à s’étaler dans la latéralité.

La dynamique est souvent un critère oublié. Il faut dire qu’elle se perçoit surtout dans le classique et le jazz, des styles où cohabitent des instruments à la puissance très contrastée. Dans ce domaine les deux HM sont équivalents, c’est à dire excellents.

Là où la sensation générale du 901 pourrait être résumée par les mots corps et impact – d’ailleurs plusieurs membres de TN se sont sentis quasiment agressés par l’écoute de ce lecteur–, le 901S donne une impression d’harmonie, et propose un son que l’on a coutume de qualifier d’analogique. Le terme d’harmonie n’implique ici aucune mollesse : c’est à mon sens un mélange d’équilibre et de beauté des timbres.

Les graves du 901 sont secs, rapides et avec beaucoup d’impact. Ceux du 901S sont un peu plus arrondis, ont une meilleure extension et plus de présence. Ils sont plus charnels en fait, ce qui peut donner la sensation qu’ils sont moins rapides que sur le 901. Le 901S offre un son qui est à l’opposé de ce que propose un AK 120II par exemple, où la précision un peu clinique remplace la sensation de vie.

Les bas médiums sont légèrement plus présents sur le 901S que sur le 901, avec pour conséquence le sacrifice d’une partie de la transparence. Les personnes habituées à des DAPs plus analytiques auront l’impression que le son est légèrement voilé – mais légèrement seulement, n’ayez pas peur !

Les médiums sont magnifiques de présence et de naturel et rendus en outre avec une grande précision. Ici aussi l’accentuation des bas médiums procure un côté charnel et réaliste au rendu sonore.

Alors que les aigus du 901 sont en retrait, ils retrouvent sur le 901S une présence qui contrebalance le côté chaleureux, notamment par une restitution plus riche des harmoniques, trop souvent oubliées sur les DAPS plus analytiques.

Comparaisons avec le Lotoo Paw Gold et le C4

Lotoo vs C4 vs Hifiman

Le Paw Gold est bien plus compact que le HM 901 (quoique aussi lourd), et d’une grande qualité de fabrication.

Son soundstage est plus étroit que celui du 901S, mais plus profond et le placement des sources y est bien plus précis. Il faut avouer que c’est impressionnant ! En revanche, s’il est très équilibré, tout le spectre sonore paraît éminemment sec par rapport au 901S. Les harmoniques dont je parlais plus haut semblent absentes, ou, du moins très atténuées. D’aucuns parlent d’un son viscéral – et c’est bien de cela qu’il s’agit –, mais il manque quelque peu de chair. Cette sècheresse m’est apparue plus grande encore en chaussant les N4, avec lequel de nombreux morceaux se sont révélés sibilants, ce qui n’était pas le cas avec les K10. Il faudra donc que l’amateur de la signature Paw Gold soit attentif à la synergie DAP/intras.

Le C4 est bien connu pour son aspect parfaitement raccord avec les ancestrales radios de nos grands parents, et un maniement du même âge. Son soundstage est le meilleur des quatre lecteurs. À la fois large, profond et aéré, c’est un bel écrin pour la musique. La signature s’avère plutôt neutre et les basses sont rapides, avec un bel impact, mais semblent manquer un peu de corps. Il en est de même pour les aigus qui sont en retrait. La merveille du C4, ce sont les médiums, qui dotent les timbres d’une qualité stupéfiante de présence, de précision et, pour tout dire, de beauté.

Quelques morceaux

« A day in the life » des Beatles, apogée de Sgt Pepper, est l’occasion de tester la qualité de retranscription des toms de Ringo Starr ainsi que celle des montées orchestrales : par deux fois les musiciens de l’orchestre philharmonique de Londres partent de la note la plus grave à la note la plus aigüe sur 24 mesures. Le passage des voix de Lennon puis de Mc Cartney de gauche à droite offre un effet comme on aimait à l’époque et l’accord final sur six pianos, multiplié sur quatre prises est délicieux !

      • Peu de différences sur ce titre entre 901 et 901S : tout est parfait. La fin de la montée orchestrale est toutefois un peu plus subtile sur le 901S, tout comme l’accord final, qui dure réellement la minute attendue.
      • Sur le Paw Gold, on retrouve moins de musicalité, mais la scène sonore est d’une grande classe ! L’accord final semble fait avec un seul piano.

« Naîma » de John Coltrane est une ballade dédiée à sa première femme. Une composition qui permet de percevoir si le saxo de Coltrane est retranscrit dans toute sa subtilité, d’avoir un aperçu des performances dans la rendu de la dynamique relative : la contrebasse, la batterie et le piano doivent avoir la même importance que le saxo, bien que leurs volumes sonores soient très bas en comparaison de ce dernier.

      • Excellente retranscription du 901, à laquelle le 901S ajoute plus de complexité au saxophone qui a plus de corps.
      • Le PawGold est aussi bon, avec une meilleure scène sonore, plus intimiste.
      • Le C4 donne beaucoup de lyrisme au saxo, mais la dynamique est moins bonne.

L’ouverture de la Passion selon Matthieu de Bach est d’une grande complexité : double orchestre, double chœur, chœur central d’enfants, solistes… Il est vital de pouvoir séparer ces différents éléments tout en ayant une perception de l’ampleur spatiale de l’interprétation.

      • Le 901 s’en sort bien avec sa bonne scène sonore (qui a tendance à s’étirer un peu trop sur les côtés) mais, concernant la séparation des chœurs, le 901S a une résolution plus grande encore.
      • Le Paw Gold est une fois encore plus précis dans la résolution et le placement, mais sa scène sonore, contrairement à celle des 901 et 901S, paraît un peu étriquée et les voix un peu arides.

Conclusions

Un baladeur de luxe au vu du prix, une ergonomie à laquelle il faut adhérer, mais des qualités sonores éminentes qui lui valent la note de 5/5. Label TN !

Note - gramophone - 5

Les + :

  • Qualité sonore exceptionnelle ;
  • Batterie amovible ;
  • Polyvalence de  la signature sonore ;
  • Adaptabilité aux intras et casques.

Les – :

  • Taille importante à la limite du nomadisme ;
  • Chargeur propriétaire ;
  • Potentiomètre du volume encore trop peu affiné ;
  • Luminosité de l’écran insuffisante.

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