[Negative feedback] Partie 4 – Fin

Le mois d’août s’achève, votre triller audiophile aussi… Clap de fin au menu !

Chapitre 15 – de la manière de défoncer des crânes

Vendredi 10h08

Les éclats de voix qui provenaient du bureau de l’inspecteur en chef couvraient quasiment le bruit de la machine à écrire sur laquelle Straightrope tapait son rapport. L’inspecteur en chef s’acharnait sur Tussufki dans son coup de gueule hebdomadaire, suivant un planning officieux que les inspecteurs partageaient. Cela leur permettait, au besoin, de prendre des tours et d’échanger leurs rendez-vous en fonction de leurs disponibilités et de leurs dispositions. Ryan, en tant qu’adjoint, n’y était pour le moment pas soumis, mais il savait que cela ne tarderait pas. D’une certaine manière, tordue, c’était plutôt bon signe de subir la colère du chef. Le jeune homme jeta un coup d’œil sur sa montre et jugea qu’il était temps de partir chercher deux cafés.

Lorsqu’il s’assit à nouveau, ayant posé les deux gobelets suivants, Tussufki sortait alors que l’inspecteur en chef hurlait dans le bureau des inspecteurs le nom de sa prochaine victime. Après lui avoir accordé un clin d’œil, l’inspecteur s’assit en face de Straightrope et porta son café à sa bouche. Ils avaient convenu d’appeler le médecin légiste à son retour. Une fois les cafés terminés, ils appelèrent Guy Deglissant suivant la formule habituelle : Tussufki au combiné, Straighrope à l’écouteur.

« Bonjour messieurs, répondit celui-ci après qu’une secrétaire fut allée le chercher. Vous allez bien ? »

Tussufki grommela une réponse polie.

« C’est bruyant par chez vous. Votre bureau est proche de la salle de dégrisement ? Bon. J’ai quelques infos qui peuvent vous intéresser. L’étude des plaies et des fractures s’est montrée assez intéressante. Dans les deux cas, les victimes ont été frappées à de multiples reprises mais, comme c’est toujours le cas, c’est le premier coup porté qui s’est montré le plus violent et, d’un point de vue informatif, le plus riche. La forme de l’impact est, dans les deux cas, rectangulaire, l’objet est long et assez plat, mais ne présente pas de face coupante – je vous avoue qu’au début j’avais pensé à une hache alors que Bob pariait sur une batte de baseball, à cause des plaies allongées. L’angle de frappe et la vitesse de pénétration indiquent que l’objet était porté à bout de bras, sans manche – autant pour la hache ou la batte. John, assez facétieux et imaginatif a porté ses paris sur une planche de bois ou un crucifix – on voit de ces tordus ces jours-ci, mais on n’a pas trouvé d’éclats de bois. Au contraire, on a trouvé sur l’occiput de Davidski des traces d’aluminium.
– L’arme serait donc un objet rectangulaire en aluminium ? l’interrompit Tussufki.
– Pas forcément rectangulaire, mais de section rectangulaire, oui. Et si on regarde bien les os, on se rend compte que les côtés doivent être arrondis. Je veux dire : pas seulement chanfreinés, mais vraiment arrondis, et assez lisse. Cela ne m’étonnerait pas qu’il s’agisse d’une pièce d’un seul tenant, usinée dans une masse d’aluminium. »

Au grand étonnement de son adjoint, l’inspecteur paraissait  troublé.

« Vous avez une idée des dimensions de l’objet ?
– Ouais, plutôt : environ 100mm de long et 20mm de large, à 4mm près. Au vu des tissus cérébraux atteints, il faut compter au moins 80mm de profondeur, plus de la place pour le tenir, forcément… 150mm, ça parait pas mal.
– 132, ça colle ?
– Pas mal du tout, oui.
– Ok, merci docteur. Vous nous faites parvenir le rapport dans la journée ?
– Pour tout vous dire, il est déjà parti, il devrait vous arriver sous peu. Je vais vous laisser, hein, j’ai un noyé qui m’attend. J’ai parié sur piscine, Bob sur baignoire et John sur le fleuve. Comme on l’a retrouvé dans un coffre de voiture, c’est pas évident. Au plaisir ! »

Tussufki raccrocha. Straightrope lui trouvait un air étrange : il avait l’air à la fois extrêmement concentré mais aussi étrangement absent. Il ouvrit un des tiroirs de son bureau et en sortit un ancien numéro du journal, qui se trouvait dans une pochette plastifiée. Il le feuilleta sans mot dire, s’arrêta à une page donnée, fronça les sourcils puis son visage se fendit d’un large sourire.

« Ryan, je pense que je sais où se trouve l’arme du crime. »

Laissant son adjoint dans le flou, le journal toujours en main, il courut dans le bureau de l’inspecteur en chef, interrompant le passage de savon qui s’y tenait.

Chapitre 16 – éclaircies et éclaircissements

Vendredi, 13h16

La voiture banalisée était garée au bord du trottoir, sous une pluie battante. Straightrope arrêta le moteur et les balais de l’essuie-glace stoppèrent leur course au milieu du pare-brise, gênant la vue des policiers sur l’entrée de l’immeuble situé au 42, de l’autre côté de la rue, un peu plus loin devant eux. Tussufki se pencha en soupirant, remit le contact pour quelques secondes et le coupa une fois les balais rangés. La radio grésillait quelques messages, l’inspecteur en baissa le volume, subissant une fois de plus un regard interrogateur bouclettes-lunettes de son adjoint.

À quelques dizaines de mètres d’eux, plusieurs autres voitures du même modèle, mais de couleurs et de niveaux de dégradation différents étaient également parquées, couvrant l’ensemble des entrées de l’immeuble, parking compris. Le signalement d’une personne et d’un véhicule leur avait été transmis, tout autant que l’ordre de ne pas s’interposer mais de signaler tout mouvement et d’entamer une filature discrète en cas de sortie du domicile.

Tussufki tourna la manivelle du lève-vitre pour éviter la formation de buée. L’odeur de la ville mouillée lui parvint aux narines : béton humide, pollution et ozone, un peu de chèvrefeuille et ce parfum si particulier de l’asphalte mouillé. Il sortit son calepin, l’ouvrit et lut quelques notes sur la dernière page griffonnée. Il aperçut du coin de l’œil les signes de nervosité de Ryan et sourit intérieurement. Il avait agi à la fois sous le coup de l’instinct mais aussi, finalement, à la conclusion d’un raisonnement qui avait pris sa source trois jours plus tôt, dans la large cave d’un journal qui, selon toute vraisemblance, allait mettre la clef sous la porte, au moins provisoirement. Il devait quelques explications à son adjoint, même s’il savait qu’il allait taire certains éléments l’ayant poussé à prendre rendez-vous avec l’homme qu’ils rejoindraient dans quelques minutes, et à le faire placer sous surveillance.

Le quartier était assez calme, de manière générale, et la pluie l’avait rendu désert. Dans cette rue, les immeubles de grand standing se succédaient, leurs façades art déco aux couleurs oscillant entre le blanc de carrare et l’écru de stuc formant un motif aux rayures régulières. Quelques voitures passaient lentement alors qu’on entendait régulièrement, en arrière, le grondement du métro aérien. Au croisement situé à cent mètres devant eux, une ambulance passa en trombe, sirène hurlante. Cela sembla finir de décider Tussufki.

« Je sais que tu es perdu, un peu, mais ne m’en veux pas, j’ai pensé qu’il valait mieux aller vite, quitte à retarder les explications. On a un peu de temps, finalement, donc autant qu’on ne débarque pas chez lui avec tes yeux grands écarquillés par l’incompréhension, ça ferait désordre. »

Tussufki se tourna vers son adjoint avec sur les traits un sourire empreint de sympathie, mais également un rien de paternalisme, ce qui agaça un tantinet Straighrope.

« Ok, chef. Effectivement, je veux bien que vous me brieffiez un peu.
– Déjà, au final, on a vu pas mal de monde, et toutes les personnes qui semblaient avoir une raison valable d’empêcher la parution du prochain numéro sont également des gens qui, de près ou de loin, étaient impliqués dans l’édition du journal, ou, tout au moins, paraissaient avoir de l’influence sur son contenu. Et assez peu d’intérêt à le voir disparaître. Ensuite, le crime lui-même est assez évocateur : si quelqu’un ayant le pouvoir de Don Vicenzo se décidait à faire disparaitre un journal, je suis persuadé qu’il s’y prendrait autrement, beaucoup plus discrètement. Si un homme ayant l’influence de M3rcure voulait supprimer deux personnes, il ferait tout pour que cela ressemble à un accident, ou tout au moins pas à un crime passionnel. Parce qu’avouons-le, même si la préméditation est acquise, la mise en scène, le modus operandi, et les caractères d’imprimerie insérés dans la bouche d’Aeròn sont beaucoup trop mélodramatiques pour un crime de professionnels. Cela n’a rien d’un règlement de compte, ergo c’est un crime plus trivial. »

Quelques trouées dans les nuages faisaient apparaitre des rayons de soleil plus loin dans la rue. Là où ils étaient garés, la pluie diminuait d’intensité. Tuffuski ouvrit plus largement sa fenêtre ; un peu d’eau rentrait dans l’habitacle de la voiture en fonction des caprices du vent. Une voiture se porta à la hauteur de la leur, sa conductrice demanda silencieusement si les hommes allaient libérer la place ou s’ils arrivaient. Straightrope se contenta de brandir sa carte de police : la voiture partit sans demander son reste.

« Si on écarte le motif auquel nous avons songé au départ, il n’en reste plus beaucoup : le crime crapuleux est à écarter puisque rien n’a été volé – et qu’il n’y avait de toute manière rien à voler non plus. L’affaire de cœur est également à mettre de côté : il n’y avait pas assez de zones d’ombre dans les vies sentimentales des deux journalistes pour mettre au frais un dé à coudre. Restait alors la vengeance. Je me suis amusé la nuit dernière à relire le courrier des lecteurs du journal, après m’être procuré les numéros des deux derniers mois. Les victimes, un peu retorses, s’amusaient à publier toutes les lettres d’insultes qu’ils recevaient et à y répondre, avec un ton acerbe et cynique. La plupart des courriers étaient anodins, mais quelques-uns étaient réellement menaçants. La chance que nous avons est que chacun des courriers portaient sur un article différent. Les informations fournies par le légiste m’ont permis de choisir celui qui était le plus pertinent. »

«  Tu sais ce qui est le plus drôle ? reprit Tuffuski avant de répondre sans donner le temps à son adjoint de prononcer un mot, le courrier était signé. »

Straightrope avait les yeux plissés et le front ridé par l’incompréhension. Il restait à son goût trop d’inconnues mais il n’eut pas le temps d’exprimer ses doutes.

« Allez Ryan, allons-y : il est l’heure et la pluie vient de cesser. »

Ils sortirent du véhicule. Depuis l’autre côté de la rue, dans une voiture garée en contresens, un policier en civil leur adressa un discret signe de tête. Un taxi remontait la rue presque au ralenti. Straightrope et Tuffuski traversèrent après son passage et se présentèrent dans l’immeuble. Un portier en livrée vint à leur rencontre lorsqu’ils pénétrèrent le hall. L’inspecteur lui expliqua le but de leur visite puis le laissa se retirer dans sa loge pour prévenir par interphone le locataire concerné. Après une courte conversation, l’homme en uniforme, guindé mais avenant, leur indiqua l’étage et appela l’ascenseur. Ils étaient effectivement attendus.

Après avoir obtenu l’autorisation de principe de l’inspecteur principal, un peu estomaqué d’avoir été interrompu pendant son activité préférée, Tussufki avait fait quelques recherches pour retrouver l’auteur du courrier le plus probablement lié aux meurtres et était tombé sur un os : le client était un gros poisson, pas du genre à se faire pêcher par le premier venu. Après une discussion avec le capitaine, un compromis avait été trouvé : on maintenait une surveillance autour du suspect, sans l’appréhender, et Tussufki le joignait pour prendre rendez-vous à son domicile. C’est donc avec la bénédiction de sa hiérarchie et également avec l’autorisation implicite du suspect lui-même que les inspecteurs se présentèrent à la porte de son appartement, au 23ème étage, et sonnèrent à la porte.

Chapitre 17 – dans l’antre

Vendredi, 13h31

« Messieurs, merci, vous êtes ponctuels. »

L’homme avait dépassé la trentaine mais pas de beaucoup. Il y avait une expression blasée sur son visage mal rasé et, s’il donnait une impression d’indolence, ses gestes paraissaient calculés et optimisés, plutôt que laissés au hasard de la nonchalance. Malgré l’heure avancée, il était en pyjamas et en robe de chambre, le tout en soie, dans des tons respectivement ocre et lie-de-vin, et portait des pantoufles. Avant même que les policiers soient entrés dans l’appartement, il fit volte-face et passa au salon.

« Refermez la porte, voulez-vous ? Et mettez vos affreux imperméables de flics sur le porte-manteau. »

Assez déroutés, les inspecteurs s’exécutèrent et déposèrent leurs manteaux sur l’imposante pièce de bois qui accueillait déjà une veste trois-quarts en cuir et un luxueux duffle-coat marine. Straightrope nota que la pièce, l’entrée de l’appartement, faisait à elle seule la taille de son studio et que la décoration qu’on y trouvait – un triptyque de peinture contemporaine, une sculpture aux formes et à la taille humanoïdes en métal de récupération, une commode décorée de marqueterie et recouverte de bibelots couteux, ainsi que le porte-manteau lui-même, sculpté dans un seul bloc de bois décoré et peint à la manière des totems des Indiens natifs d’Amérique – devait dépasser le coût d’achat de son appartement.

Débarrassés de leurs manteaux, ils rejoignirent l’homme, qui avait commencé à tirer sur un énorme cigare, dans le salon. La pièce faisait une trentaine de mètres carrés et au moins trois mètres cinquante de hauteur sous plafonds. Ce dernier présentait des moulures art-déco qui ne déparaient pas avec l’ameublement, faisant la part belle à l’acajou, au cuivre et à des touches d’ivoire que Tussufki suspecta, par la suite, d’être authentique. Aux murs, d’étranges cadres décoraient la pièce : tous étaient identiques, un carré de cinquante centimètres de côté environ et un épais cadre de bois de noyer. Au centre d’un passe-partout couleur turquoise, derrière un verre antireflet, on ne trouvait pas des photographies ou des dessins, mais des paires d’écouteurs intra-auriculaires, punaisés dans les cadres, sur un fond blanc, à la manière de papillons. Il devait y en avoir plus d’une vingtaine dans la pièce, certains en morceaux et mis en scène façon éclatée, certains visiblement en état de marche. Les policiers en reconnurent certains, parmi les plus couteux du marché, devenus ici inabordables à cause de la prohibition. Pour autant, l’inspecteur et son adjoint n’arrivaient pas à détacher leur regard de la table basse, située entre les deux imposants canapés de cuir beige. Sur le plateau de bois brut trônait un appareil en aluminium. On y voyait plusieurs connecteurs dont une prise casque non scellée, et ses dimensions étaient de 100x20x132mm. Il était quasiment entièrement recouvert de sang séché, entre le brun et le noir. C’était un Chord Hugo.

 « Je ne sais pas s’il fonctionne encore, remarqua l’homme. Je l’ai laissé comme ça, et je m’en suis procuré un autre, neuf. Vous savez, vous pouvez vous asseoir. Je vous sers quelque chose à boire ?»

Autour du Chord, on trouvait un impressionnant cendrier en cuivre cérusé, une paire d’intra-auriculaires translucides grisâtres branchée à un baladeur en inox, un bol à glaçons rempli et muni d’une pince en argent, ainsi qu’une carafe en cristal, contenant un liquide couleur miel dont on avait rempli la moitié d’un des trois verres faits du même matériau. Les policiers prirent place l’un à côté de l’autre, séparés de l’homme par l’arme du crime.

« Quand j’ai reçu votre appel, j’ai été soulagé, cela fait deux jours que j’hésite à vous appeler. Après coup, j’ai trouvé mon acte puéril. Je n’irai pas jusqu’à dire que je le regrette, mais j’y ai mis un romanesque qui ne me ressemble pas. »

Les trois hommes gardèrent le silence plusieurs secondes. L’homme but une rasade de son couteux whisky et reposa le verre doucement sur le bois. Tous ses gestes étaient délicats. Sa voix, elle-même, était douce, délicatement modulée et empreinte de culture. On y décelait un léger accent, indéfinissable et pas désagréable. Il reprit le cigare devant lui et mit rapidement entre lui et les policiers un épais rideau de fumée odorante.

« Pourquoi cette mise en scène ? demanda Tussufki.
– Je me le demande. Je pense que j’ai voulu un peu de panache. J’ai souhaité matérialiser ma colère ainsi. J’ai trouvé adapté d’utiliser l’Hugo pour leur donner une leçon. Entre nous, cela montre la qualité de construction de ce petit appareil. Quant au message… Vous l’avez déchiffré ? »

Les policiers hochèrent la tête à l’unisson, toujours cois.

«  C’est un message entre eux et moi. Je pense que peu de personnes pourraient comprendre. Ce n’est pas tant une signature – je ne suis pas un serial killer – qu’une évocation. Un clin d’œil. Après coup, je me dis qu’ils ne le méritaient pas. Je ne sais pas si vous avez lu le tissu d’ineptie que ces gens ont écrit sur cette merveille… lls ne savaient manifestement pas de quoi ils parlaient. Alors j’ai souhaité leur faire entrer dans le crâne, une bonne fois pour toutes, qu’ils se trompaient.
– De ce point de vue, c’est réussi, M. Halfsoak. »

Tussufki et Halfsoak se tournèrent vers Straightrope, interloqués.

« Je veux dire : vous le leur avez bien rentré dans le crâne, le Hugo. »

Épilogue

Vendredi 15h30

La pluie avait repris et les trouées dans les nuages, elles, avaient bel et bien disparu. Immobiles à l’abri sous le porche de l’immeuble, sous le regard désapprobateur du concierge, les deux policiers avaient les yeux rivés dans le vide. Après avoir fourni des réponses à toutes leurs questions, l’homme leur avait demandé de quitter les lieux. L’immunité diplomatique dont il disposait le mettait à l’écart des arrestations sordides. Au moins, il avait consenti à ce que Tussufki emporte le Chord dans un sac plastique, comme pièce à conviction, et avait signé une trop rapide déposition. Il avait promis de discuter avec l’ambassadeur de Chine pour faire lever son immunité et avait indiqué qu’il se tiendrait bientôt à l’entière disposition de la police voire, même s’il lui en coutait énormément vu le confort sommaire de leurs locaux, qu’il se rendrait de lui-même au commissariat.

Tussufki n’en croyait rien. Il ne voyait pas quel intérêt avait ce diplomate et homme d’affaires à se compromettre publiquement alors que de rapides tractations, dans des sphères d’un niveau que les policiers ne pouvaient qu’imaginer, pouvaient classer l’affaire en 10 minutes. Il avait au moins pour lui la satisfaction d’avoir résolu ce cas et d’avoir mis la main sur le meurtrier, à défaut d’avoir pu l’y laisser.

« Inspecteur, il a encore quelque chose que je ne comprends pas…
– Quoi Ryan ?
– Je veux dire… Bravo, hein, c’est impressionnant, mais il y a des points dans votre raisonnement qui me laissent encore un peu dubitatif. Je veux dire : comment avez-vous su, pour le Chord ? La taille, le fait qu’il avait été testé dans le journal, qu’il y avait un courrier de menace qui avait été écrit… Comment y avez-vous pensé ?
– C’est assez simple, et il faut que je t’avoue quelque chose… L’article sur le Chord Hugo…
– Oui ?
– C’est moi qui l’ai écrit. »

Laissant son adjoint sur place, l’inspecteur descendit les marches du perron de l’immeuble, traversa le trottoir puis la rue, et gagna la place du conducteur de leur voiture de service. Il passa une main dans ses cheveux gris, trempés de pluie, et démarra le moteur, attendant que Straightrope, abasourdi, se décide à le rejoindre. En sourdine, la radio diffusait des messages de service, annonçant de nouveaux forfaits, de nouveaux crimes.

3 thoughts on “[Negative feedback] Partie 4 – Fin”

  1. J’en profite, cher burndav, pour vous remercier car la retranscription du dialogue que j’eus avec les policiers est fidèle à la réalité. Si jamais vous souhaitiez être initié, Salupe saura vous donner la date et bientôt le lieu, de nos prochaines agapes.

    M.

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