La chaîne audio numérique

Par Cyd07.

Que se passe-t-il entre le concert live déchainé, toutes guitares hurlantes, et le moment où vous swinguez comme un crétin dans le métro, sur le même son qui passe dans votre casque ?
Non, en fait j’exagère, on ne va pas ici suivre tout ce chemin : nous passerons sous silence l’enregistrement du concert, le mixage, la conversion en format cd et la gravure sur ledit cd. Considérons seulement que vous avez acheté le cd, et que vous l’avez encodé sur votre ordinateur, en mp3, en Alac, en flac, etc.
Nous allons décortiquer un peu la « chaîne sonore », terme que vous entendrez souvent ici. Nous parlerons indifféremment de chaîne numérique nomade ou sédentaire. Les éléments sont de toute façon les mêmes, seulement dans un système sédentaire haut de gamme la décomposition de la chaîne est souvent plus importante (chaque élément a un rôle très précis, il ne fait pas deux opérations).

Vue d’ensemble


Tout ne paraîtra sans doute pas clair dès le début, mais les explications préciseront chaque partie de ce schéma. Vous pouvez voir par exemple que le lecteur MP3 regroupe plusieurs éléments qui traitent le signal. En haut du schéma, les appareils composant la chaîne, et en bas le type de signal transmis.

Le DAP
DAP = Digital Audio Player = lecteur audio numérique. Concrètement c’est votre lecteur mp3, qui comprend un espace de stockage (disque dur ou flash), un DAC et un ampli. Plus d’informations là-dessus plus bas.
Ici cependant nous prendrons DAP au sens le plus strict, vu qu’on veut décortiquer notre chaîne. Le DAP est, dans cette perspective, l’endroit où sont stockés vos fichiers ainsi que le firmware (le logiciel), qui va lire ces données. Votre fichier est numérique, il est codé sous la forme de 0 et de 1. Le DAP sera donc le lecteur qui va chercher le fichier dans la mémoire de l’appareil et va transmettre ces 0 et 1. Mais à qui ? Au DAC pardi !

Le DAC
DAC = Digital to Analog Converter = convertisseur numérique/analogique. Le DAC transforme un signal numérique en signal analogique.
Votre fichier, lu par le DAP, est donc transmis au DAC. Celui-ci est, dans un lecteur mp3, une puce qui est capable d’interpréter un signal numérique pour le transformer en signal analogique, c’est-à-dire en courant électrique. A partir de O et de 1, on obtient une tension électrique variable. Ce signal est une onde électrique, qu’on qualifie d’analogique.

Un DAC sédentaire haut de gamme, le Total DAC référence A1 :

 

L’ampli

Les plus futés auront déjà deviné qu’il sert à…amplifier. Il traite la tension électrique qu’on trouve en sortie de DAC, et en fait un courant qui sera beaucoup plus puissant que celui qui sort du DAC.
Ce courant partira ensuite directement vers le casque via la prise jack, et mettra en mouvement les membranes du casque. D’où l’importance de l’ampli : certains casques sont « durs à driver », c’est-à dire qu’ils ont une forte résistance électrique (dit autrement : une haute impédance). Si donc le signal qui leur parvient est trop faible, il sera absorbé par la résistance et ne sera pas assez fort pour mettre les drivers du casque en mouvement. Ainsi, comme le dit le proverbe, « à casque à forte impédance, un ampli puissant tu adjoindras, ou de son point tu n’auras ».
A noter : l’ampli peut être trop faible pour que le casque produise un son, mais il peut aussi être entre les deux, c’est-à-dire produire un signal suffisamment puissant pour que vous entendiez votre musique, mais tout de même trop juste. Dans ce cas, la musique ne sera pas agréable, vous aurez par exemple des basses anémiques, un manque de dynamique, etc. En gros, si vous voyez une impédance de 300 Ohm pour un casque, il vous faudra un ampli capable de driver 300 Ohm (comme toujours en audio, c’est un peu plus compliqué que ça dans la réalité, on ne peut se fier uniquement à l’impédance pour savoir si tel ampli pourra driver tel casque).
Un ampli casque design. C’est un ampli à transistors :

 

Autre type d’ampli, en mode steampunk : l’ampli à lampes, qui utilise une technologie différente d’un ampli numérique (la technologie…des lampes, c’est bien vous suivez au moins !).

 

Mais mais mais…mon lecteur mp3 il fait du son, et je me balade pas avec 3 appareils dans une brouette !
Ben si ! Là nous avons tout décomposé, mais tout « lecteur mp3 » embarque en fait un DAP + un DAC + un ampli. Le tout sous forme miniaturisée.
Le Sandisk Sansa clip, très réputé parmi les audiophiles nomades au budget serré (tout comme son successeur le clip+) :

 

Eh oui, là dedans y’a tout ce que j’ai dit (plus un écran, des boutons, une batterie, etc ) !

Bon ben c’est cool, merci…mais vu que tout est dans mon MP3, il fait du son tout seul comme un grand, pourquoi je me soucierais de tout ça ?
Diable, vous êtes coriaces ! Là où ça devient intéressant, c’est que chaque appareil applique à votre fichier un traitement différent. Et là, soit ce traitement est bien réalisé, soit il ne l’est pas, et la qualité sonore s’en ressentira. Si le signal produit par le DAC est brouillon, la suite de la chaîne ne rattrapera jamais ça. Chaque élément traite le signal qu’il reçoit, si celui-ci est déjà dégradé il n’y a rien à y faire.
Il faut savoir aussi qu’il n’y a pas qu’une question de performance pure : en partant du même fichier numérique, un DAC peut produire un certain type de son, un autre DAC un autre type. Par exemple, un DAC produira un son plus ou moins « chaud », c’est à dire plus ou moins musical, qui va plus ou moins mettre l’accent sur le rythme de la musique. Un autre DAC pourra privilégier la séparation des instruments et un haut niveau de détails, au prix parfois d’un manque de cohérence de la musique et d’une écoute plus fatigante. De même pour un ampli.
C’est pourquoi, même en nomade, vous pouvez décomposer la chaîne, en achetant notamment un ampli portable indépendant. Celui-ci se chargera de l’amplification du son à la place de l’ampli de votre mp3. Vu que c’est un appareil dédié, il sera plus performant et délivrera donc un son de meilleure qualité, notamment sur la largeur et la profondeur de la scène sonore (impression que les musiciens sont bien séparés, qu’il y a de l’espace entre eux, que les différents instruments ne se mélangent pas).

Un ampli portable vraiment portable de Fiio, le E6 (regardez la taille des intras et du clip+ à côté !) :

 

Un ampli portable haut de gamme d’une marque française, le 911 de Earsonic. Nettement plus épais, mais de la taille d’une carte de crédit en longueur/largeur :

 

L’intérieur :

 

Il existe aussi des ampli/DAC portables. En fait, sauf cas particulier, sur un lecteur nomade on ne peut se servir que de la partie ampli. Ainsi, deux utilisations :
– En sédentaire, vous branchez votre ampli/DAC sur votre ordinateur. Dans ce cas l’ordinateur ne convertit plus le signal numérique en analogique, c’est le DAC externe qui le fait, puis qui envoie le signal à son ampli intégré. Vous évitez de confier le boulot à votre carte son : très utile sur les netbooks dont le chipset son est souvent mauvais.
– En nomade, c’est toujours votre lecteur mp3 qui fait office de DAC, et votre combo ampli/DAC sert juste d’ampli externe.

Pour changer de fiio, un ampli/DAC de iBasso, le D-zéro. Design et très fin. Il est ici relié à un ordinateur, en mode DAC + ampli donc :

 

Enfin, dernière précision sur les amplis nomades : vous entendrez rapidement parler de la présence ou non d’une « line-out » sur votre lecteur. Je vous laisse lire ce message que j’avais posté, pour un bref explicatif sur les amplis en général, et sur l’intérêt d’une telle « sortie ligne »

Conclusion

Comme toute chaîne, la chaîne sonore ne vaut que par son maillon le plus faible. Si votre ampli est la partie la moins performante de la chaîne, ce sera lui qui sera limitatif et qui déterminera le niveau de performance maximum que vous pouvez atteindre avec votre système actuel. Bien sûr, cela peut aussi être le DAC, ou le casque/intras. L’important est de comprendre une chose : le dernier maillon de la chaîne, c’est votre oreille ! Le but n’est donc pas d’investir des milliers d’euros dans un système nomade hors de prix avant d’être en mesure d’en profiter pleinement. Le but, c’est plutôt que le maillon le plus faible, c’est-à-dire juste un tout petit peu moins performant que les autres, ce soit bien celui-là :

 

 

 

 

Un article de Cyd07

 

Pour commenter et discuter cet article  sur le forum c’est par ici.

3 thoughts on “La chaîne audio numérique”

  1. Excellente explication en effet, bravo !

    Je crois que je vais partager cet article souvent 😉 …

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