[Feedback] iCan Pro

Les produits iFi Audio commencent à faire leur trou sur Tellement Nomade, notamment grâce aux expériences de notre découvreur en série Darktores. À l’occasion de l’organisation du test du Meze 99 Classic, j’ai échangé avec Renaud Ribet, de Elite Diffusion – distributeur de iFi Audio en France – , qui m’a proposé de tester l’ampli haut de gamme de la marque, dénommé iCan Pro. Qu’il en soit chaleureusement remercié !

J’espérais le confronter au Black Widow, mais il n’est pas arrivé dans les temps. Grâce à un peu de soutien, j’ai toutefois pu faire d’autres comparaisons assez intéressantes, sur lesquelles je m’appuierai dans ce retour.

Entrons à présent dans le vif du sujet.

Un couteau suisse haut de gamme

Ce qui m’a tout de suite attiré, ce sont les spécifications assez hors-normes de cet amplificateur :

  • deux circuits d’amplification : l’un à tubes et l’autre à transistors, séparés et intégralement symétriques, avec un interrupteur permettant de basculer à chaud d’un mode d’amplification vers l’autre, ainsi que vers un autre mode utilisant le circuit à tubes ;
  • une puissance de sortie propre à alimenter n’importe quel casque… et même des enceintes (jusqu’à 14W à 16 ohms, et 23V à 600 ohms sur la sortie symétrique) ;
  • des entrées « en veux-tu en voilà » (3 entrées RCA et une entrée symétrique XLR 3 points) ;
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  • des sorties « en veux-tu en voilà » (en façade, une sortie 3,5mm symétrique et classique, deux sorties 6,35mm, une sortie XLR 3 points symétrique, une sortie XLR 4 points symétrique, et, au dos, une sortie XLR 3 points symétrique et une sortie RCA) ;
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  • un sélecteur de gain 0/9/18dB (vous pourrez donc l’utiliser avec vos intras !).

En plus de ces caractéristiques, sont incluses une télécommande (pour le volume), et les petites spécialités maison de iFi Audio (ci-après « les gadgets »), à savoir le 3D Holographic Sound for Headphones (pour recréer une sensation d’écoute sur enceintes) et le XBass Correction System (pour muscler le bas du spectre).

Évacuons ces détails rapidement : si la télécommande s’est révélée assez géniale à l’usage pour le fainéant que je suis, les gadgets sont pour moi superflus sur un ampli de cette gamme (quand on achète un ampli à 2000€, le casque qui va avec n’a pas été choisi au hasard, et donc le XBass Correction System n’est pas super utile), voire gênants (le 3D Holographic Sound for Headphones introduit des artefacts sur certains titres de musique électronique). Bref, des gadgets dont je me serais personnellement bien passé (mais pas la télécommande !).

À noter également une grosse surprise au déballage : la taille.

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Je m’attendais à un monstre, et j’ai reçu un p’tit gars aussi profond et haut que le Gumby, mais environ un tiers moins large. Le tout dans un beau châssis alu, qui respire la solidité. Pour être plus précis, ses dimensions sont 213(l) x 192.5(w) x 63.3(h) mm pour un poids de presque 2 kg.

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Qui trop embrasse, mal étreint ? (ou pas)

Ce qui m’a attiré chez le iCan Pro – son côté polyvalent –, est aussi ce qui m’inquiétait le plus. En effet, quand je vois un restaurant qui propose quinze plats à la carte, je constate bien souvent qu’aucun n’est vraiment bon. Là, j’avais peur qu’à trop en faire, il fasse tout mal, ou du moins rien de bien.

J’ai assez vite été rassuré.

Pour information, ce qui suit est basé sur deux semaines d’écoutes, pendant lesquelles j’ai d’abord passé du temps avec le iCan Pro, pour apprendre à le connaître, puis j’ai commencé à jouer en le comparant au Lyr2, en écoutant mes intras moulés. J’ai enfin changé le DAC (merci Estaero pour le DAC19), et soumis le tout aux oreilles salgaces d’Ony.

Mon équipement de référence est un Gungnir Multibit (Gumby pour les intimes), et un Lyr2 (avec des tubes Reflektor SWGP ’74, parce que les tubes stocks ne sont… pas terribles). Le Lyr2 n’ayant qu’une sortie 6,35mm, j’ai en premier lieu câblé mon HD800SD (c’est-à-dire le HD800 avec le mod « Super Dupont » de Sorrodje) en « single-ended ». La source était un Daphile alimentant le Gumby en SPDIF via un WaveIO (merci Frenchbat), le Gumby étant connecté au Lyr2 en RCA, et à l’iCan Pro en XLR. J’ai ensuite mis le iCan Pro en mode « Solid State », et suis passé du Lyr2 à l’iCan Pro pour les comparer.

Grosse fessée. Bien sûr, le match n’est pas juste (le Lyr2 vaut environ 460€ neuf et sonne déjà bien avec des Voshkod à 30€), mais quand même. Tout est plus propre, c’est nettement mieux détouré, c’est plus précis sans sombrer dans l’analytique, la scène est plus large. Bref « wow ». À l’issue de ce test, j’ai quasiment sorti le Lyr2 de l’équation, étant donné qu’il ne jouait tout simplement pas dans la même cour.

Cela m’a d’ailleurs vraiment embêté, parce que je me suis rendu compte à quel point j’étais inexpérimenté en matière d’ampli haut de gamme. Prenez donc tout ce qui suit avec un énorme grain de sel, d’autant plus que, deux semaines, ça reste très court pour appréhender un bestiau de ce type.

Pour la suite, j’ai câblé le HD800SD en XLR, et j’ai d’abord testé les gadgets, puis j’ai cherché à mieux discerner les différents modes d’amplification de cet iCan Pro.

Comme brièvement énoncé plus haut, il y a trois modes d’amplification possibles :

  • un mode « Solid State » ;
  • un mode « Tube » ;
  • un mode « Tube+ ».

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Le mode « Tube » est censé proposer le son le plus proche… du son « tube ». Sur la page du constructeur, il est précisé qu’avec le mode « Tube + », le gain de la boucle est réduit au minimum, tout comme la rétroaction négative, afin de trouver un compromis entre les harmoniques du son « tube » et les performances de transitoires.

Il est à noter que l’on parle là de circuits d’entrée, ce qui semble signifier que l’étage de sortie est, lui, commun aux trois modes. Cette hypothèse semble être vérifiée à l’écoute, en ce que les trois modes ont une signature très proche, et que les différences restent assez subtiles. Quelque part, cela m’a autant surpris que rassuré. Il m’a fallu pas mal d’écoutes pour vraiment me faire un avis sur ces trois modes et sur ce qui les différencie. C’est d’ailleurs la comparaison de chaque mode avec le Lyr2 qui m’a réellement permis d’y voir plus clair.

In fine, je suis resté sur le mode « Solid State », qui offre un son plus propre, mieux détouré, et suffisamment chaud pour faire chanter mon HD800SD sans piquer les oreilles. Ony a aussi clairement préféré ce mode pour des raisons similaires. Dans ce mode, la signature est un poil plus chaude que celle de mon Lyr2 équipé de tubes qui le réchauffent, et le HD800SD commence à vraiment donner le meilleur de lui-même, avec sa scène magistrale de taille et de précision. Dans les modes « Tube » et « Tube + », c’est encore un poil plus chaud, avec un côté plus « flou », moins précis et tendu.

Les mots qui me viennent pour décrire le mode « Solid State » sont transparence, netteté, avec une très légère pointe de chaleur et un possible léger voile/grain dans les hauts-médiums, que j’ai surtout ressenti sur les voix. Je ne m’avancerai pas beaucoup plus avant sur le terrain de la signature, parce que je n’ai ni l’expérience du haut de gamme, ni passé un temps suffisant pour cela.

Conclusion

J’ai énormément apprécié mon temps avec cet iCan Pro. Le laisser partir m’a provoqué un réel pincement au cœur. Je ne suis pas sûr que cela ait été un pur coup de foudre pour autant, mais ses qualités font de lui une redoutable machine à comparer les DACs, les intras ou les casques entre eux. Les gadgets m’ont semblé superflus, mais pourront peut-être être utiles à certains.

Pour faire court, il s’agit manifestement d’un ampli de qualité, dont je ne saurais qualifier le rapport qualité/prix, mais qui mérite clairement que l’on pose une oreille dessus si l’on cherche du matériel haut de gamme.

4 thoughts on “[Feedback] iCan Pro”

  1. Merci pour ce super feedback, M. Butchi.

    Je suis assez d’accord avec.

    Les différences entre les modes sont effectivement très (?trop?) subtiles, surtout entre le mode SS et le mode Tube+.

    Y’a deux ans, j’utilisai déjà un iTube sur mon installation sédentaire (avant qu’on commence à en parler sur TN) et j’avais trouvé que la coloration sonore du buffer était raffinée, pas trop prégnante, juste subtile mais audible. Je retrouve cette coloration très agréable sur le mode Tube, qui est personnellement mon préféré. Sur le TH500RPM et le LCD2 par exemple, je récupère énormément de matière sonore et sur le Technics EAH-T700, plutôt axé vers les hautes fréquence, ça réveille son ventre mou dans les bas médians.

    Les « gadgets » sont assez utiles mais essentiellement pour améliorer les vieux master à la batterie étriquée ou à la scène sonore très centrale.

    Mais ce qui finit de rendre ce petit objet vraiment indispensable, c’est son format de poche par rapport à a sa capacité à driver. Disons, qu’il synthétise de manière très compacte la solution à un ensemble de besoins pour les gens qui ne disposent pas d’une pièce de la maison pour stocker leurs gros amplis à lampes de 60 cm de long et 10 kgs.

    1. Merci pour ton commentaire Elawarai ! Des infos complémentaires vraiment sympa, et oui, le form factor est vraiment vraiment au top !

  2. Merci pour ce feedback !

    Pour l’avoir testé très brièvement il n’y à pas longtemps j’ai aussi été charmé par ce Pro iCan. Comme dans l’article j’ai été un peu étonné de la multitudes d’options disponibles, car étant tombé sous le charme de mon set iFi-Audio Micro IDSD+iTube+iCan se je trouvais qu’il y avait déjà du gadget… Mais là c’est encore plus fourni, de mon point de vue si le Pro iCan avait eu la partie dac de mon Micro IDSD en 2x Burr Brown 1793 le tout au même prix oulala quel produit ça aurait fait. Mais il offre puissance, polyvalence, différentes options d’écoute tubes etc.. C’est du iFi-audio tout craché, avec un peu de superflu mais un ampli solide sur le son !

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