EarSonics Grace, performance et musicalité

Après 2 ans d’attente EarSonics revient avec les Grace, un IEM hors-norme repoussant encore un peu plus les limites fixées par les EM10.

L’entreprise occitane est bien connue sur Tellement Nomade pour concevoir et réaliser une large gamme d’IEMs et CIEMs pour les professionnels et les mélomanes. Implantée dans la région montpelliéraine depuis 2007, elle a suivi une croissance à l’internationale sur le marché audiophile grâce aux SM3 qui ont récemment disparu de la gamme Classic et s’est ensuite orientée vers plusieurs gammes d’in-ear : Music, Signature et Classic.

Près d’un an après la sortie des EM10, et suite à de nombreuses demandes pour une universalisation de ce modèle, EarSonics tease sur la sortie des Grace, un IEM aux caractéristiques techniques identiques sur le papier aux EM10, mais pourtant à la sonorité encore un peu différente et offrant un choix encore plus large au sein de la gamme Music.

gamme music

Les Grace sont vendus à 2000€ et se positionnent au sommet de la gamme Music constituée des S-EM9, S-EM6v2, ES5, ES3 et ES2. Seuls les 3 derniers de la gamme sont constitués de coques en plastique, les autres s’en distinguent en logeant leur électronique dans un shell acrylique noir fabriqué par impression 3D puis vernis. Les Grace sont conçus dans un shell très proche de celui des S-EM9, ils ne diffèrent que par les gravures laser sur les coques.

Packaging

EarSonics propose le même packaging pour tous ses IEMs haut-de-gamme, ceux-ci sont présentés dans une boîte avec un tiroir dans lequel sont rangés les accessoires ainsi que les Grace que l’on voit par transparence. Les accessoires ne sont pas nombreux en comparaison de ce que certaines marques proposent, mais l’essentiel est là avec une pochette de transport de taille moyenne, un adaptateur jack, quelques lingettes hydroalcooliques de nettoyage, un cure-canule et 6 paires d’embouts S et L monoflanges et biflanges ainsi que 2 paires de mousses type Comply.

Ergonomie et confort

Malgré la dizaine de transducteurs présents dans les Grace, le shell des IEM reste très compact. La canule est courte et permet d’avoir l’obturation en début de conduit. Le confort qui en résulte est proche d’un CIEM, voire moins invasif, et permet des écoutes prolongées à condition de trouver les bons embouts.

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Un test auprès de plusieurs personnes a permis de confirmer que la forme, et tout particulièrement la taille de la canule autant en diamètre qu’en longueur, s’adaptait très bien à la plupart des morphologies.

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Le seal se faisant à l’entrée du conduit auditif, l’isolation est dans la moyenne, ceux cherchant à obtenir une isolation plus importante pourront se tourner vers des customs, bien que les EM10 diffèrent quelque peu de la signature des Grace.

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En comparaison des Phantom d’Empire Ears à 5 transducteurs BA, les Grace sont plus compacts et semblent aussi plus solides.

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 Pour la partie son, passez à la page suivante… [nextpage title= »Présentation »]

Signature et scène sonore

Avec encore plus de précision et de détails que les S-EM9, les Grace ne renouvellent pas entièrement l’approche d’EarSonics avec sa gamme universelle, mais ils offrent une expérience toujours plus proche de celle de leur gamme custom.

Dès les premières secondes d’écoute les Grace sonnent ouverts avec une excellente séparation des instruments. La scène sonore profonde et hors-tête marque un changement avec les EM10 plus frontaux, mais aussi avec les S-EM9 dont les voix sont plus reculées et les sub basses plus présentes. Le niveau de résolution et de micro-détails des Grace dépasse celui des EM10 et des S-EM9 et peut se comparer plus souvent à celui des SE5U et VE8 grâce à une meilleure maîtrise des pistes chargées. On retrouve donc toujours la technicité des modèles S-EMx, mais avec plus de naturel dans l’extinction des notes dans l’aigu et un médium plus transparent et vivant. 

Le grave a une attaque courte avec un bel impact et une longue tenue de note dans le temps et l’espace. Les notes de basse des Grace sont aériennes et prennent une place importante dans l’espace sans empiéter sur les médiums et les haut médiums. La présence du grave et des infras est supérieure à la supposée neutralité, avec une attaque rapide et précise et une chute après celle-ci qui laisse place à une décomposition et une propagation de la note. En comparaison, les VE8 n’ont pas le lift dans le bas-médium des Grace, au contraire, et ils peuvent donner l’impression d’en faire parfois un peu trop sur les notes de basse, quand les EM10 n’ont pas le même niveau de précision et donne une sensation d’impact en conséquence un peu moindre. Les SE5U n’ont pas autant de sub et se focalisent sur la texture de la basse et son impact, certainement la basse la plus nette du comparatif.

Le bas médium des Grace n’est pas mis en avant et donne une cohérence aux voix masculines qui pouvait parfois manquer aux EM10, elles sont centrées et plus facilement identifiables. Le bas médium est très similaire à celui des EM10, dégrossi il permet de gagner en clarté sur les autres registres et marque une grosse différence avec les VE8, dotés d’un bas médium corpulent et bien plus énergique même si parfois débordant un peu. Les SE5U sont plus organiques et sonnent plus pleins dans ce registre en comparaison des Grace et EM10, qui bénéficient de par leur clarté d’une excellente articulation sur les batteries. 

Le médium des Grace est à mon avis ce qui les distingue vraiment du reste. Il colle à l’enregistrement par sa transparence, la justesse du timbre, une haute résolution, et beaucoup d’ouverture. Si dans les premières écoutes j’ai cru que le haut médium tirait la tonalité des voix vers les hautes fréquences, c’est en fait en comparaison des VE8, SE5U et EM10 qui paraissent à côté presque ternes. La présentation des voix n’est pas frontale comme avec les Zeus d’Empire Ears, mais celles-ci sont placées un peu moins loin en profondeur que les SE5U et VE8. Les EM10 et Grace distinguent plus facilement deux voix chantant sur le même registre et avec plus d’évidence. Les nappes de médium des musiques électroniques retranscrivent avec émotion le message musical, mais les VE8 et EM10 ont un médium ici plus plein et donc un peu plus saisissant.

Le haut-médium des Grace se fait plus présent que celui des EM10 et peut paraître un peu haut durant les premières écoutes. Cela passé, on constate avec plaisir la beauté et la richesse du timbre, la dynamique incroyable sur les notes de violon, la profondeur du piano et l’émotion des voix féminines. Les SE5U et VE8 sont quelque peu plus transparents, mais surtout pleins, que les Grace. Aucune sibilance ou sifflante n’est bien sûr à déplorer, les Grace ont un bon contrôle de l’agressivité tout en ayant une excellente dynamique et une présence que les précédents modèles de la gamme Music n’avaient pas.

L’aigu est un peu plus présent et intelligible qu’avec les EM10, mais il est toujours très fin et dans la continuité de l’approche d’EarSonics. L’attaque des cymbales ne les fait pas sonner amorties ou brillantes et les fins de notes sont douces et se propagent en scintillant. La rapidité de l’attaque est retranscrite avec énergie, mais ils ne détrônent pas les VE8, plus dynamiques et articulés.

L’extension dans l’aigu contribue avec le haut-médium à produire une scène sonore large, profonde, et donnant un fort sentiment d’ouverture. Comme les S-EM9, mais avec un profil plus excitant grâce à des voix plus vivantes, les Grace ont une approche technique s’appuyant sur la profondeur et la précision pour donner une aspect holographique à une scène sonore qui varie peu dans ses proportions d’un enregistrement à l’autre et assure toujours une dimension cohérente des instruments entre eux ainsi que dans leur séparation.

Les embouts

Les Grace sont sensibles aux embouts, le diamètre du conduit doit être au moins identique à celui de la canule. Les embouts exerçant une pression dans le canal auditif pour permettre au grave de s’exprimer, il est donc primordial de sélectionner des embouts avec lesquels l’obturation est ferme et dont le diamètre de sortie est large. La taille de l’espace sonore, la projection du haut-médium ainsi que la tenue des basses en seront directement impactés. Le choix des embouts est par contre strictement personnel et peut varier d’une personne à l’autre, autant pour le fit que pour le son, c’est souvent un compromis ou une longue quête…

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Les monoflanges EarSonics n’ont que deux tailles mais leur forme et leur matière les rendent confortables avec un diamètre de sortie idéal pour les Grace. Les basses ne sont toutefois pas à leur maximum d’impact et la signature se tourne plus vers le haut médium et la clarté dans les voix.

Les biflanges EarSonics sont aussi fournis en S et L et procurent une obturation plus ferme et leur diamètre de sortie est plus large, par conséquent tout le spectre sonore est plus ferme, le bas est mieux tenu et s’exprime avec plus d’équilibre avec le haut. La matière de l’embout n’est malheureusement pas très confortable et leur fermeté se ressent au bout d’un moment.

Les Symbio W sont plus courts et ont un un diamètre de sortie un peu plus large que la canule, c’est moins ferme qu’avec les biflange mais la signature reste plus chaude qu’avec les monoflanges EarSonics. L’isolation procurée par la mousse se ressent et l’effet peau de pêche de la matière accroît le confort, c’est un compromis vraiment intéressant. Attention toutefois à la variation de qualité selon les batch, un coup de rasoir sur la flange permettra d’enlever le surplus resté après le tirage.

Les Final Audio Type E ont un diamètre de sortie qui n’est pas suffisamment large pour laisser s’exprimer les Grace dans toute la hauteur de sa scène sonore. Les voix sont plus distantes et l’ensemble semble un peu voilé dans un espace sonore plus restreint.

Les Spinfit biflanges sont un peu plus confortables que les biflanges EarSonics et garde une bonne fermeté du bas du spectre. Leur diamètre de sortie n’est cependant pas aussi large, on perd un peu en spatialisation, en ouverture et en dynamique. L’isolation est quant à elle excellente et globalement les Grace s’expriment très bien avec.

D’autres embouts comme les Spinfit monoflanges ou les Meelectronics biflanges avec adaptateur peuvent aller sur les Grace et pourrait vous convenir, comme je vous le disais plus haut c’est une affaire personnelle. Je n’ai pas réussi à avoir un fit correct, mais j’utilise ces embouts avec d’autres IEMs sans problème et cela pourrait tout à fait être votre cas.

Câbles

Le câble 2 pins standard fourni par EarSonics est à mon sens un bon premier prix, j’en disais d’ailleurs dans mon test des S-EM6 V2 que niveau ergonomie on frôlait la perfection. Le guide-câble est court et ne gêne pas derrière l’oreille et le jack coudé s’adapte aux coques des smartphones – quand ceux-ci disposent encore d’un port jack. Enfin, il ne s’emmêle pas et se range facilement, il n’y a donc pas de raisons de le changer tout de suite après l’achat… mais comme beaucoup d’IEMs, les Grace peuvent clairement gagner à être accompagnés d’un câble de meilleure qualité.

Le Ares II d’Effect Audio est un peu plus sensible au volume que le câble standard, il est donc nécessaire de baisser un peu le volume pour retrouver le même niveau d’écoute. Il rend la scène sonore plus propre, plus transparente, détoure plus les instruments et offre plus de détails sur le grain des voix. La signature sonore change avec un bas-médium plus précis lors de l’impact des notes de basse, un grave dégrossi dans sa quantité et un haut-médium projeté plus proche. Tout cela contribue à aérer d’un peu la scène sonore et devrait intéresser ceux souhaitant un grave plus contenu.

Le Bronze Dragon de Moon Audio améliore lui aussi la transparence, mais il contribue surtout à affirmer la profondeur et le grain des basses tout ayant une attaque plus rapide. Les résonances des cordes sont plus facilement perceptibles, mais le médium et haut-médium ne sont pas autant projetés qu’avec l’Ares II. Clairement, le Bronze Dragon s’adresse à ceux souhaitant appuyer la rythmique sur le grave tout en contrôlant l’agressivité du haut-médium.

Le Black Dragon de Moon Audio à l’inverse réduit un peu l’impact dans le bas-médium et grave, ce qui affecte la rythmique ressentie, mais en contre-partie fait un peu ressortir les résonances dans le haut-médium et l’aigu, hélas sans pour autant que la scène sonore en soit meilleure.

Pour le comparatif et la conclusion, passez à la page suivante…

[nextpage title= »Comparatif »]

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ES5 – EarSonics/France – 950€

Les 5 transducteurs de la même famille ne font pas beaucoup parler beaucoup d’eux, pourtant ils recèlent de qualités. Ils sont certes moins spacieux, moins transparents et n’ont pas les mêmes capacités d’extension en haut et en bas du spectre, mais leur sens de la rythmique grâce à un impact précis et rapide dans le bas-médium les rendent très engageants. Les ES5 ont un haut niveau de détails, mais les Grace par leur large scène et la hauteur des instruments, dégagent plus facilement tout ce que peut receler l’enregistrement.

Les Grace ont plus de maîtrise sur toute la bande de fréquence, l’épaisseur et la profondeur du grave, la résolution des voix ou la finesse dans l’aigu sont des approfondissements dont n’ont pas bénéficié les ES5. Ces derniers n’ont cependant pas que des défauts au regard des performances des Grace et il se pourrait qu’ils puissent être plus plaisants pour les personnes recherchant un profil d’enveloppe ADSR dont la chute et l’extinction est plus courte.

Phantom – Empire Ears/Etats-Unis – $1799 ou 1799€

Les Phantom ont une signature focalisée sur le grave et le haut-médium avec une excellente texture rendant l’écoute chaleureuse et excitante sur la plupart des genres modernes. Avec une excellente profondeur, les Phantom n’ont pas de mal à gérer les grandes formations, mais leur grave a parfois du mal à rester, rendant le tout un peu brouillon quand les Grace excellent dans la largeur et la séparation avec une basse tout en contrôle.

Sur les genres classiques on remarque tout de suite un certain excès de timbre à l’écoute des Phantom sur les instruments dont le médium est souvent sollicité. Les saxophones comme les pianos sont colorés et passent à côté de nombreuses harmoniques du médium à l’aigu. Il est certain que sur de l’électronique cela ne se perçoit pas tout de suite, mais sur du classique, même contemporain, cela s’entend dès les premières secondes. A l’écoute de l’Absente de Yann Tiersen (2001) l’impression avec les Phantom est radicalement différente que celle procurée par les Grace, les instruments ne se discernent pas aussi facilement et la tonalité générale de l’ensemble est colorée, portant plus sur le bas-médium. La dynamique de chaque instrument, et tout particulièrement pour ce qui concerne l’accordéon, est bien mieux respectée avec les Grace qu’avec les Phantom.

Sur les genres électroniques la tendance pourrait presque s’inverser dans la mesure ou les sonorités ne sont pas toutes rattachées à la réalité. L’impact et la texture des timbres véhiculées par les Phantom donnent un engagement flatteur que les Grace cherchent à limiter par un lift du bas-médium. Il en reste que dès lors que les aigus s’invitent les Phantom n’arrivent plus à tenir la comparaison. Les albums de Fakear en sont le parfait exemple avec des aigus scintillants et filants et des basses rapides et profondes, les Phantom passent à côté d’une partie des créations de l’artiste caennais.

Les Grace sont une belle tentative de compromis entre haut niveau de technicité et plaisir permanent quand les Phantom ne se focalisent que sur le second aspect tout en ayant un certain niveau de technicité. La comparaison n’est pas évidente l’approche chaleureuse des Phantom peut très bien plus convenir à beaucoup de personnes, mais il est clair après de multiples comparaisons que les Grace vont plus loin dans tous les domaines.

VE8 – Vision Ears/Allemagne – 2330€

Les VE8 sont eux aussi dans une approche plus chaleureuse que les Grace, avec un bas-medium plein et donnant une consistance au médium qui rappelle les ACS Encore. Le shell en acrylique rempli de silicone contribue aussi à donner cette corpulence qui peut parfois rendre la scène sonore un peu moins transparente, mais qui n’empêche jamais les aigus et les haut-médiums de s’exprimer, domaine dans lequel les VE8 ont certainement le plus de qualités.

Les Grace sonnent plus neutre avec leur lift dans le bas-médium, mais la différence la plus importante est dans l’attaque plus rapide des VE8 autant dans le bas médium que dans le haut médium. Les cordes pincées de basses, de guitares électriques comme les coups d’archet des violonistes sont un peu plus rapides et véhiculent un engagement que n’arrivent pas à recréer complètement les Grace. Les VE8 retranscrivent en effet un peu plus justement toute la tension que l’on retrouve sur les notes jouées avec une guitare électrique, c’est donc d’un naturel plus explosif sur du métal, du heavy, du rock ou du blues.

Les Grace l’emportent néanmoins pour moi sur le rock acoustique ou rock folk comme Mumford and Sons, Angus and Julia Stone, Ben Howard ou le moins récent Fairport Convention. Le bas médium moins chargé permet à la guitare acoustique de s’exprimer avec plus de légèreté, d’espace et de résonance. Qui plus est, la scène sonore des VE8 est plus « latéralisée » avec un effet stéréo plus marqué alors que celle des Grace forme un tout plus hors-tête. Les VE8 comme les Grace sont malgré tout parmi les meilleurs in-ears qu’il m’ait été donné l’opportunité d’essayer, et pourtant leur approche de la musique n’est pas la même.

EM64 – EarSonics/France – 1140€

Sortis à la même époque que les Grace mais conçus pour un usage professionnel, les EM64 sont censés venir remplacer les EM32 et plus largement succéder aux EM3-PRO. Les habitués de la gamme professionnelle retrouveront le contrôle de la dynamique et l’ambiance particulière des customs pro EarSonics, mais cette fois la réponse en fréquence est bien plus neutre. Le grave a un impact net sans sécheresse, avec une chute des notes bien plus courte que les EM10 ou les Grace et ne descendant pas dans les sub comme les EM32. La tension dans l’attaque des notes de basse caractérise les EM64 dans ce registre. Le médium et le haut médium ont bien plus de présence et de définition que les autres customs que de la gamme, mais toujours avec beaucoup de contrôle. Et comme avec les EM32, les aigus sont bien présents, bourrés d’harmoniques, mais peuvent manquer d’indulgence sur les enregistrements de mauvaise qualité.

Malgré une différence de prix importante, les Grace et EM64 partagent un très haut niveau de transparence, de détails et de résolution, mais les Grace sont indéniablement plus spacieux dans leur présentation de la scène sonore, projetant les instruments et voix comme de grands volumes hors-tête quand les EM64 ont une présentation plus « live », avec le gros son de front qui caractérise les customs pro EarSonics.

La dynamique est aussi particulièrement travaillée pour ne jamais fatiguer, ceux ayant des EM32 se retrouveront aisément dans ce nouveau custom, mais ceux ayant des EM10 auront l’impression que l’on retient la bête qui sommeille dans les EM64. Les EM10 comme les Grace ont tous les curseurs à fond et sont conçus pour du plaisir instantané : dynamique, scène sonore, résolution, extension.

EM10 – EarSonics/France – 1990€

Les Grace et EM10 partagent de nombreux traits de caractère, mais ils n’ont pas exactement ni la même signature, ni la même scène sonore et c’est à mon avis la conjonction de ces deux aspects qui distinguent clairement ces deux flagships.

Les EM10 ont une scène sonore panoramique avec beaucoup de hauteur qui ne s’appuie pas autant sur la profondeur que ses concurrents à la différence des Grace. Les EM10 ont un gros son frontal saisissant, alors les Grace ont une écoute plus contemplative et spatiale qui perd certes un peu en musicalité, mais ils se focalisent sur des critères techniques et plus particulièrement sur une spatialisation comparable à celle des SE5U et VE8.

En effet, les EM10 sont globalement moins précis sur tout le spectre sonore et cela se ressent tout particulièrement dans le grave qui est moins contenu dans la fin des notes qui s’échappe plus longuement dans l’espace. Les Grace permettent de noter plus facilement les silences, mais aussi de détourer plus précisément les instruments ce qui permet à la scène sonore de gagner en clarté et les instruments en tridimensionnalité.

SE5 Ultimate – Spiral Ear/Pologne – 2075€

Les SE5U sont des caméléons et ont une présentation à géométrie variable selon l’enregistrement. L’image sonore est plus dense et pesante sur chaque note tout en gardant un très haut niveau de transparence et d’articulation des différents registres. Comme la spatialisation diffère d’un enregistrement à l’autre et il n’est pas rare que les Grace soient plus ouverts et hors-tête quand les SE5U sont plus organiques et focalisés sur l’épaisseur de l’image donnée par chaque note. Par conséquent, les SE5U paraissent plus sombres que les Grace, ils ont pourtant moins de présence dans les basses fréquences, notamment dans l’espace pris par celles-ci en fin de notes, mais ils ont aussi plus de bas médium, les faisant sonner moins ouverts et joueurs dans les aigus que les Grace.

Avec une signature moins référence que ne l’est celle des SE5U, les Grace sont plus flatteurs quant à la qualités des enregistrements, démontrant par là une polyvalence certaine et une grande facilité à rentrer dans la musique que n’a pas les SE5U. Ces derniers sont plus sérieux et transparents à l’enregistrement, deux types d’écoute finalement différentes mais pouvant se comparer sur leur haut niveau de technicité dans la gestion des enregistrements complexes.

Conclusion

Les Grace sont incontestablement les meilleurs in-ears qu’EarSonics a pu réaliser jusqu’à présent, détrônant les EM10 sur plusieurs aspects, tout en restant dans la même veine que ce que la marque française a pu nous habituer : un médium travaillé sans agressivité, une basse privilégiant l’émotion et un aigu tout en finesse.

Avec les Grace ces critères sont poussés au maximum de ce que la technicité d’EarSonics peut offrir. Une basse riche et haute résolution dont le niveau d’impact est mesuré pour une écoute prolongée, un médium transparent et réaliste laissant l’émotion s’exprimer et un aigu riche, fin et présent sans agressivité. Un an après les EM10 on constate l’amélioration continue dans la recherche et l’application de nouveaux procédés. La basse est plus tenue et plus détaillée, le médium et le haut médium moins reculés avec un gain en transparence et des aigus très fins mais audibles jusqu’en fin de note.

Pour atteindre le même niveau de performance que les SE5U et VE8, EarSonics s’est focalisé sur le timbre et le plaisir d’écoute tout en ayant une très haute résolution et plus de précision. Les Grace comblent l’écart avec les EM10 grâce à une spatialisation offrant une image sonore plus holographique, précise et hors-tête, tout en gardant la touche de grave propre à EarSonics qui confère une polyvalence qu’il n’est pas si évident de trouver même parmi les TOTL.

Je souhaiterais aussi remercier Max Capgras, responsable de la division Ear Monitors pour EarSonics, qui m’a rapidement fourni une paire de Grace de démonstration lorsque je les ai demandés et qui m’a permis de les conserver pour écoute approfondie durant plus de 5 semaines.

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5 thoughts on “EarSonics Grace, performance et musicalité”

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